Lettre N°29 – 30 mai 2025

Notre série, Réussir la transition carbone
(en 12 épisodes – si vous avez raté un épisode, ils sont tous ICI)
Financer EdF ou Total Energies ?
Suivre la rentabilité carbone en priorité dans l’énergie
L’humanité doit dégager une rentabilité carbone minimale sur la moyenne de ses investissements, et pas seulement pour les investissements « verts » (épisode 7).
Il est logique de commencer par la rentabilité carbone des investissements des gros producteurs d’énergie, l’enjeu n°1 de la transition. Il faut alors qu’un gros producteur d’énergie calcule et transmette à ses financiers sa rentabilité carbone, projetée puis réalisée, c’est-à-dire (épisode 3) son résultat carbone divisé par son investissement carbone. Le producteur d’énergie connait son investissement carbone. L’Economie carbone lui donne son résultat carbone, en partant du résultat carbone collectif des producteurs d’énergie.
Le résultat carbone collectif des producteurs d’énergie
L’Economie carbone applique deux principes :
– Elle clarifie le service rendu (ici l’énergie) avec une unité de mesure commune de sa quantité : l’unité du système universel quand elle existe, donc le joule pour l’énergie. La comptabilité nationale carbone donne combien de carbone il faut en moyenne aux producteurs pour produire une unité : un ‘contenu carbone par joule’ qui est leur compétitivité carbone collective. En France par exemple, il faut environ 50 microgrammes de carbone par joule, moins pour l’électricité (28), plus pour l’essence (70).
– Elle mesure le résultat carbone collectif des producteurs par l’impact sur la transition de la variation d’une année sur l’autre du ‘contenu carbone par joule’ : un bénéfice si leur compétitivité carbone moyenne baisse, une perte si elle augmente.
Le résultat carbone d’un producteur d’énergie en particulier
Chaque producteur d’énergie contribue à ce résultat carbone collectif. Il enregistre un bénéfice s’il réduit le contenu carbone par joule, à hauteur de l’impact sur la transition (et une perte s’il l’augmente). Avec deux façons d’y arriver :
– Améliorer sa propre compétitivité carbone. EdF dégagera un bénéfice carbone par exemple en repoussant la durée de vie d’une centrale ; et Total en réduisant des fuites de méthane et/ou privilégiant les énergies les plus compétitives en carbone.
– Faire varier ses ventes (en joules) : vendre plus si sa compétitivité carbone est meilleure que la moyenne des producteurs, vendre moins si elle est plus mauvaise. Pour augmenter ses ventes ET dégager un résultat carbone positif, Total doit améliorer son contenu carbone par joule (autour de 64) au-dessous des 50 microgrammes de moyenne.
La rentabilité carbone de chaque produit financier
Chaque producteur d’énergie pourrait ainsi demain transmettre sa rentabilité carbone à ses financiers (ou les analystes financiers le calculer pour lui) pour qu’elle arrive jusqu’au particulier, pour l’aider à équilibrer ses choix financiers entre argent et carbone. Les particuliers font massivement confiance aux établissements financiers pour choisir ce que finance leur argent. Ils pourront donc comparer le rendement carbone d’une action Total et d’une obligation EdF mais surtout comparer les rentabilités carbone des comptes courants, des Livrets A, des produits d’Assurance vie, et s’inquiéter des pertes.
Une concurrence carbone financière se mettra alors en place qui poussera progressivement la rentabilité carbone vers le haut et le carbone émis vers le bas.