Enfin une mesure fiable de la performance climatique d’une entreprise 

Lettre N°5 – 15 juin 2023

Enfin une mesure comptable de la performance climatique d’une entreprise

A les entendre, les grandes entreprises sont toutes devenues vertes et vont rapidement ne plus ajouter aucun carbone à l’atmosphère. Malheureusement, cette communication n’inspire pas confiance : chacun mesure à sa façon, personne n’y comprend rien et les scandales dits de green washing se succèdent (voir par exemple notre lettre numéro 3). La bonne nouvelle ? Notre communauté Carbones sur factures vient de mettre au point une mesure fiable de la performance climatique, dans le cadre de la Comptabilité des carbones qu’elle construit.
 
Une mesure comptable de la décarbonation

Cette Comptabilité des Carbones permet à une entreprise d’indiquer facilement à son client le poids fiable en carbones de son produit. La construction et le déploiement sont bien engagés : l’approche de Carbones sur factures vient d’être saluée coup sur coup par le blog de l’INSEE et par le dernier rapport de France Stratégie pour la Première ministre (rapport Pisani-Ferry et Mahfouz).
La découverte est que cette comptabilité donne aussi à l’entreprise son compte de décarbonation qui mesure de façon comptable et auditable ses contributions à l’objectif collectif de décarbonation. Un gain de décarbonation signale que son activité a réduit le carbone dans l’atmosphère au cours de l’année. Une perte signale qu’elle l’a augmenté. Le fonctionnement du compte répond aux quatre défis de la décarbonation.
 
1- Réduire le poids de carbone de chaque produit

Le premier défi de la décarbonation concerne les poids de carbones : baisser en continu le poids de carbone des produits. Le compte de décarbonation tire automatiquement des chiffres carbones l’impact de la baisse (ou de la hausse) du poids de carbones du ou des produits de l’entreprise sur l’année : la variation du poids de production divisé par le nombre d’unités vendues. Prenons un cimentier qui produit en 2021 1000 tonnes de ciment avec 450 tonnes de kg CO2, soit 450 kg de CO2 la tonne, et qui arrive en 2022 à descendre à 440 kg la tonne et gagner 10 kg de CO2par tonne : son compte va enregistrer un gain de décarbonation de 10 kg multiplié par 1000 tonnes, soit 10 tonnes de CO2.
 
2- Remplacer les produits bruns par des produits verts

Le deuxième défi de la décarbonation est de réduire la production des produits bruns et d’augmenter celle des produits verts. La réglementation européenne dite « taxonomie » indique pour les produits les plus sensibles (comme le ciment) un « poids cible » qui sépare un produit vert d’un produit brun (498 kg de CO2 la tonne pour le ciment). Le compte de décarbonation en tire automatiquement l’impact de décarbonation lié à l’évolution des quantités produites. Notre cimentier a un produit vert à 450 kilos : son compte va engranger un gain de décarbonation de 48kg multiplié par l’augmentation de sa production ; ou une perte si sa production verte diminue, ou si son produit avait été marron et qu’il l’avait augmenté. On réconcilie ainsi croissance en volume et décarbonation. Et on sort d’une polémique d’un demi-siècle autour de « l’effet rebond », qui fait qu’on améliore la qualité de chaque tonne de ciment … mais qu’on en produit plus ! Plus la collectivité craint l’effet rebond sur un produit, plus elle fixe bas son poids cible, et l’ajuste à la baisse en fonction des progrès technologiques.
 
3- Valoriser le partage des innovations vertes

Le troisième défi est que chaque entreprise ait intérêt à partager ses innovations de décarbonation : technologies, machines, ou simples conseils d’organisation. Le compte de décarbonation permet à l’entreprise qui partage son savoir de bénéficier d’une partie des gains de décarbonation qu’elle permet : une société de conseil qui apporte son savoir-faire à notre cimentier signe avec elle un accord de partage des gains de décarbonation espérés (à côté du partage des gains monétaires). On résout au passage une seconde polémique qui affaiblit la décarbonation, celle des dérives de la « compensation carbone » (voir le numéro cité) : une entreprise laisse entendre que sa production (voyages aériens ou hébergement internet) est « zéro carbone » parce qu’elle aide des projets décarbonants généralement mal contrôlés. Les accords restent parfaitement libres mais ils sont tracés par les comptables, le partage du gain signifie que si une entreprise améliore son résultat de décarbonation, l’autre le diminue (on cesse de compter deux fois le même gain) et les empreintes carbone des deux entreprises et de leurs produits (le vol en avion ou l’hébergement numérique) ne bougent pas.
 
4- Financer les projets qui décarbonent

Le quatrième défi de la décarbonation est bien sûr de trouver les financements des trois premiers : la comptabilité des carbones le permet. Le compte de décarbonation donne en effet à l’entreprise son résultat de décarbonation pour l’année. Un instrument de mobilisation pour elle et une fabuleuse boussole pour les financements : avec le résultat de décarbonation, la finance et tous les épargnants récupèrent un indicateur fiable pour aller en priorité vers les projets dont les perspectives climatiques sont les plus favorables.

Pour en savoir plus ou nous aider à déployer la comptabilité des carbones, rejoignez la communauté Carbones sur factures.

Retrouvez les lettres N°1, N°2, N°3 et N°4