Lettre N°24 – 10 avril 2025

Rentabilité carbone, la belle inconnue 

Notre série, Réussir la transition carbone

Résumé des deux épisodes précédents

L’humanité devra piloter la transition sur plusieurs générations, vers un nouvel équilibre carbone compatible avec la vie humaine. L’économie carbone lui donne deux indicateurs de performance carbone qui éclairent chaque décision économique : le contenu carbone des produits et la rentabilité carbone des projets et des financements.

 

Episode 3 – Rentabilité carbone, la belle inconnue

Le défi de la transition est de construire une économie différente, utilisant un minimum de carbone. C’est donc un défi qui se construit aujourd’hui dans le choix des projets financés aujourd’hui.

Ce qui déclenche certains projets ou qui bloque beaucoup d’autres, c’est largement et souvent uniquement l’espoir de rentabilité en argent. Celui qui a de l’argent à placer s’intéresse à la rentabilité des placements proposés. Celui qui a besoin d’argent, par exemple une entreprise, explique à son banquier ou à son actionnaire que son projet va être rentable et mérite son argent.

Le défi de la transition est d’avoir deux indicateurs de rentabilité en argent et en carbone : l’investisseur ou l’épargnant pourrait librement arbitrer entre investissements en conciliant argent et carbone

 

Les définitions jumelles des rentabilités argent et carbone

Il y a beaucoup de définitions de la rentabilité mais le cœur est toujours le même : l’investisseur compare le coût de son investissement à ce qu’il pense en retirer plus tard. C’est vrai de l’isolation d’une chambre comme des 600 milliards de dollars d’investissements dans l’IA annoncés en début d’année.  

L’économie carbone transpose simplement cette comparaison de l’argent au carbone : elle calcule une rentabilité carbone en comparant le contenu carbone investi (par exemple : le contenu carbone du chantier d’isolation de la chambre) au contenu carbone que devrait déclencher l’investissement (l’économie d’énergie pour chauffer la chambre).

On peut ainsi calculer la rentabilité carbone de chaque projet :

– Certains prévoient une rentabilité carbone positive (comme ce projet d’isolation) et il est important d’identifier les meilleures rentabilités carbone.

– D’autres prévoient une rentabilité carbone négative, mais il est tout aussi important d’identifier les rentabilités carbone les moins négatives : tout le monde préfère un gain à une perte, mais aussi une petite perte à une plus grosse.  

La transition éclairée par la rentabilité carbone

La rentabilité carbone est la belle invisible : invisible, parce qu’on ne la voit pas encore sur les produits financiers ; et belle parce qu’elle améliorerait toutes les décisions financières.

Avec la rentabilité carbone, chaque producteur d’un produit financier pourrait transmettre à son client  le rendement attendu en argent ET en carbone ; et lui transmettre aussi la rentabilité de son placement l’année écoulée, en argent ET en carbone.

L’épisode précédent soulignait que des choix financiers éclairés étaient impossibles tant qu’on ne saurait pas dire, entre deux financements ayant la même rentabilité en argent, lequel avait la meilleure rentabilité carbone. L’économie carbone libère cette information, essentielle pour réussir la transition.

 

On verra dans le prochain épisode comment la transparence sur les deux mesures de performance carbone déclenche librement de puissants moteurs de transition.