Lettre N°22 – 21 mars 2025

Trump victime de la transition carbone ?

En 2020, Trump avait gesticulé sur la Covid contre les scientifiques : il a ralenti la sortie d’épidémie mais largement provoqué sa défaite électorale quelques mois après. Il reprend en 2025 ses gesticulations contre les scientifiques en général et ceux de la transition carbone en particulier : elles ralentiront la transition et aggraveront la situation des générations suivantes, en Amérique et partout. La science est plus têtue que les plus têtus des politiques. Et les électeurs préfèrent les solutions qui marchent.

 Carbones sur factures lance au premier semestre deux actions assises sur trois ans de recherches pour accélérer la transition bas carbone :

-Une campagne collective en juin demandera aux pouvoirs publics de valoriser les producteurs qui transmettent le contenu carbone de leurs produits à leurs clients : avec la création d’un Label Transmission et des avantages très concrets (dans les marchés publics, les financements publics…). Bienvenue si vous pouvez aider à la préparer !

 -Une synthèse de notre travail sortira en même temps,  aussi globale et simple que possible : Réussir la transition Carbone, pourquoi, comment, à quel rythme. Nous la rôdons avec vous avec un épisode par mail (l’épisode n°1, le pilote, est ci-dessous). Merci de partager vos réactions !

 A bientôt pour l’épisode n°2, très cordialement,

 Les bénévoles

 

Réussir la transition Carbone,

Episode 1

Pourquoi la transition carbone et avec quelle énergie la nourrir

 Pourquoi faut-il une transition carbone ?

Les scientifiques constatent un excédent de gaz à effet de serre (GES ou carbone) dans l’atmosphère. Ils constatent que cet excédent a un pouvoir destructeur sur le vivant à travers divers dérèglements, notamment le dérèglement du climat.

Ils décrivent l’ampleur de ce pouvoir destructeur de l’excès de carbone, sans équivalent avec d’autres poisons que l’homme répand en produisant ou en consommant. Le carbone est en effet dans tous nos produits et dans tous nos projets (le phénomène antérieur le plus proche, les gaz détruisant la couche d’ozone, concernait une infime partie de l’activité humaine).

Ils décrivent aussi l’accélération du pouvoir destructeur de cet excès de carbone. Il a fallu huit générations de croissance carbonée pour que les scientifiques les plus vigilants identifient le problème, puis deux générations seulement pour que toute l’humanité le constate. Les scientifiques expliquent bien cette accélération.

Deux accélérations sont dues à l’homme et l’homme peut apprendre à les piloter :

– L’artificialisation des sols ou les plastiques dans l’océan détruisent le vivant et accélèrent l’effet destructeur par moins de captures naturelles des surfaces terrestres ou marines.

– Les efforts humains pour s’adapter à l’effet destructeur (l’air conditionné, les digues…) accélèrent l’effet destructeur en augmentant les émissions.

Deux autres accélérations sont plus menaçantes car extérieures à l’homme : elles naissent de l’effet destructeur lui-même, comme un feu se nourrit lui-même.

– Les échecs des espèces vivantes à s’adapter accélèrent l’effet destructeur en réduisant les captures naturelles de carbone dans l’atmosphère (affaiblissement des arbres…).

– Le franchissement de seuils (encore très mal estimés) de l’excédent carbone risque d’accélérer l’effet destructeur de façon irréversible (fonte du permafrost, modifications de courant marin…).

On a donc une certitude scientifique : l’augmentation de l’effet destructeur sera pire pour chaque génération par rapport à la précédente, jusqu’à un nouvel équilibre. Le cri d’alarme des scientifiques face à l’accélération de l’effet destructeur exprime également une inquiétude de bon sens envers ce qu’on peut appeler la « dernière génération » : dernière de celles qui auront tiré avantage du carbone, avant un nouvel équilibre ; ou dernière génération tout court, parce qu’elle héritera d’une situation insoluble et de choix entre des solutions désespérées. Pour prendre une image plus riante : notre espèce humaine est le lièvre d’une course avec une tortue qui accélère. La morale n’est plus celle de la fable : partir « à temps » ; mais de partir tout de suite « à la bonne vitesse » pour ne pas perdre.

 

Quelle énergie pour alimenter la transition ?

La description scientifique du problème montre que nous sommes sur une course de relai très longue, qui impliquera plusieurs générations d’humains (il n’y a qu’une tortue mais plusieurs lièvres qui se transmettent le témoin). Le flux d’émissions d’origine humaine vers l’atmosphère n’a même pas commencé à baisser. Les trajectoires des pays qui jouent le jeu (le principal pollueur vient à nouveau de sortir du jeu) combinées à la croissance démographique (beaucoup de trajectoires sont « par habitant ») font que la probabilité d’un équilibre avant quatre ou cinq générations parait faible.

La description scientifique montre aussi que l’engagement dans la transition n’est pas facile à « vendre » puisque, quels que soient nos efforts aujourd’hui, la situation continuera de se dégrader. Il est donc logique que la réponse la plus confortable pour chaque personne soit le déni. L’élection de Donald Trump montre qu’elle est séduisante.

Si on refuse cette facilité, il n’y a qu’un moteur assez puissant pour alimenter la transition carbone : le désir d’aider les générations suivantes. Aider la prochaine génération évidemment, celle de nos enfants, avec laquelle il est le plus facile de s’identifier. Et aider toutes les autres avec une pensée particulière pour la « dernière génération » et l’avenir de l’espèce.

Nous verrons dans l’épisode 2 la passionnante relation entre l’argent et le carbone et comment la faire passer de la compétition à la collaboration.