Lettre N°37 – 15 décembre 2025
A propos d’une publicité Cristaline
La dernière publicité diffusée par la marque d’eau de table Cristaline (notre illustration) veut contrer un projet de taxe sur les bouteilles plastiques. Nous ne nous intéressons pas ici à cette taxe mais au message de la publicité : Cristaline est bonne pour l’environnement, parce qu’elle défend l’économie circulaire en recyclant ses bouteilles ; et bonne pour le pouvoir d’achat des Français par son prix abordable. Mais sur ces deux points, Cristaline pèche par omission en oubliant l’alternative de l’eau du robinet.
Le plastique des bouteilles, le PET ou polyéthylène téréphtalate, n’est pas « un bon élève du recyclage » malgré les efforts de la filière. En France, toujours moins de 60% des bouteilles en plastique sont collectées pour recyclage, moins de 60% des bouteilles collectées sont effectivement recyclées et on ne peut les recycler en nouvelles bouteilles que 2 ou 3 fois (au-delà, le plastique n’est plus de qualité alimentaire). Si on combine ces chiffres, on comprend qu’une bouteille plastique consommée ne se recycle pas à l’infini mais donne en tout et pour tout… la moitié d’une autre bouteille ! Parler d’économie circulaire n’a donc pas beaucoup de sens.
Surtout, le contenu carbone (ou équivalent CO2) d’un litre d’eau en plastique pèse 2000 fois plus que le contenu d’un litre d’eau du robinet : en gros, 260 grammes de carbone pour le litre d’eau plastique, 0,13 gramme seulement si on remplit sa carafe au robinet. Ce n’est pas négligeable puisque les Français consomment chaque année 8 milliards de litres conditionnés en bouteilles plastique. Une bascule de moitié de nos boissons d’eau vers l’eau du robinet, c’est 1 million de tonnes de carbone qui partent en moins dans l’atmosphère chaque année.
Passons au pouvoir d’achat. L’idée que la solution verte est toujours plus chère est fausse et l’eau en bouteille plastique en est un exemple. L’eau Cristaline est moins chère que beaucoup de ses concurrentes en plastique. Sur internet, on trouve la Cristaline à 0,20€ le litre quand Evian est plutôt à 0,40€ : un rapport de 1 à 2. Mais l’eau du robinet est en France en moyenne de 0,4 centime d’euro par litre, donc entre 50 et 100 fois moins chère.
Une famille de 4 personnes qui achète à 0,30€ le litre (entre les deux) et qui consomme 1,5 litre par jour et par personne (la moyenne entre les deux marques) gagne 650€ de pouvoir d’achat annuel si elle décide de passer à l’eau du robinet. Elle fait en outre gagner à l’humanité 600 kg de carbone par an en moins dans l’atmosphère.
Les producteurs d’eau, en bouteille ou au robinet, gagneraient à adopter la bonne pratique Label Transmission : transmettre au client le contenu carbone de ce qu’on lui propose. La concurrence carbone est vertueuse : elle avantage les producteurs qui changent leurs habitudes de production pour réduire leur contenu carbone.
Les pouvoirs publics doivent donner son cadre à une concurrence loyale, en carbone comme en argent. Il leur serait facile d’estimer chaque année notre performance carbone collective en eau de table : le contenu carbone moyen du litre d’eau bu en France est d’environ 100 grammes. Réduire ce chiffre d’année en année est un objectif collectif réaliste, avec un bout de la solution chez les producteurs qui changent leurs habitudes de production et un bout chez les consommateurs qui changent leurs habitudes de consommation, là où ça les gêne le moins et en défendant leur pouvoir d’achat.
N’hésitez pas à demander à vos fournisseurs, vos marques et vos banques d’afficher le contenu carbone de ce qu’ils vous proposent et à signer ICI l’appel Label Transmission, pour que les acheteurs publics, à prix équivalent, valorisent le contenu carbone.
