Un exemple d’élargissement de la comptabilité aux carbones dans la restauration 

 

 

 

 

En élargissant sa comptabilité aux carbones une entreprise obtient facilement le poids unitaire en carbones de ses produits et son résultat annuel de décarbonation, c’est-à-dire le progrès ou le recul annuel de l’impact de l’entreprise sur l’atmosphère.

1. Le poids unitaire en carbones

Voyons sur l’exemple d’un restaurateur comment il construit en fin d’année le poids unitaire en carbones de son produit : le repas vendu. Il indique dans son compte de poids unitaire en carbones qu’il a vendu 5 000 repas et que ses achats pour les produire, aliments, énergie, local… « pèsent » 6 000 kg de carbones (il trouve leurs poids sur les factures des fournisseurs qui ont élargi leur comptabilité ou, à défaut, sur un calculateur gratuit ou sur des bases comme celles de l’ADEME). Ses comptes carbones divisent le poids des achats (6 000 kg) par la quantité de repas vendus (5 000) et donnent le poids unitaire en carbones d’un repas vendu : 1,2 kg de carbones, qu’il communique à ses clients sur leurs factures. (D’autres calculs lui permettraient s’il le souhaite d’affiner par menu ou par plat).

2. Le résultat en carbones

A partir de la deuxième année, son compte de décarbonation donne à l’entreprise son résultat en carbones : Il mesure le progrès ou le recul annuel de l’impact en carbones de l’entreprise sur l’atmosphère : positif si son activité directe ou indirecte a émis moins (ou capturé plus) de carbones, négatif sinon.

Le calcul est fait automatiquement par le calculateur carbone. Il mesure les gains (ou pertes) de productivité en carbones de l’entreprise (à quantité vendue constante).

Si les ventes augmentent à 6 000 repas et que le poids des achats reste stable à 6000 kg, le poids en carbones du repas tombe à 1 kg (6 000/6 000) : un gain de 200 grammes par repas.  Oublions pour l’instant la hausse des ventes et raisonnons sur les 5000 repas de la première année. La baisse de 200 grammes par repas pour 5000 repas est un bénéfice pour l’atmosphère d’une tonne de moins. Une partie du gain est due à ses gains de quantité sur ses achats : moins de cuisson, moins de produits carnés, moins de pertes en cuisine… Le compte carbone la donne automatiquement, par exemple 600 kg (c’est la somme de la variation de quantité de chaque achat par repas vendu, multipliée par le poids en carbones de l’achat l’année précédente, multiplié par les 5 000 repas). Les 400kg restant sont dus aux baisses des poids unitaires des achats et comptabilisés dans le résultat des fournisseurs, ce qui évite de compter deux fois le même résultat.

Demain, deux autres composantes du résultat de décarbonation pourront être calculées.

Les gains (ou pertes) de productivité en carbones apportés aux clients et partagés avec eux.  Ils apparaitront si le restaurateur a signé un accord de partage de la décarbonation (un type d’accord rendu possible dans le futur par la comptabilité élargie). Il aura par exemple accepté de partager le bénéfice carbone qu’il tire d’un nouveau four avec son fournisseur. Ou son client dont il fournit la cantine aura accepté de partager avec lui le bénéfice carbone d’une baisse du coût carbone de la fin de vie des déchets à sa charge.

Le gain (ou la perte) provoquée par la variation de la quantité de repas vendus (à poids unitaire constant). Il apparaitra si l’entreprise a accès au poids moyen d’un repas, tiré d’une base statistique confidentielle recensant les poids unitaires constatés (des bases rendues nécessaires par la comptabilité élargie). Le gain est égal à la variation de la quantité vendue multipliée par l’écart entre le poids unitaire du repas de l’entreprise et le poids statistique. Si le poids statistique est de 1,5 kg, et celui du restaurateur de 1,2kg, le gain supplémentaire pour l’entreprise est de 300 kg (l’écart de 0,3 kg multiplié par l’augmentation des repas vendus de 1000 repas). Pourquoi cette formule ? A quantité de repas vendus stable, chaque repas en plus d’une entreprise est un repas en moins d’un autre, avec un gain pour l’atmosphère (respectivement une perte) à partager entre les deux entreprises si un repas lourd en carbones est remplacé par un repas plus léger (une perte sinon).

 

(Cet exemple vaut pour la grande majorité des entreprises. Pour certaines entreprises il doit être corrigé par les poids de carbones capturés (forêts, capture industrielle…) ou introduits par les procédés de production (pétrole, ciment…). Peu d’entreprises sont concernées, car les poids des fournisseurs précomptent l’impact carbone de la combustion des combustibles carbonés. Pour ces correctifs, le comptable se base sur des certificats d’experts carbones.)