L’Économie carbone

pour réussir la transition et sa transition

Tutoriel

 Ce tutoriel ne réclame pas de connaissances préalables en comptabilité ou en mesure des émissions de gaz à effet de serre. Il s’appuie sur des concepts économiques de base, présentés généralement en première année de licence.

INTRODUCTION – Réussir la transition avec l’Économie carbone (1/3)

Pas d’équilibre pour l’humanité sans ramener à zéro le flux de Gaz à Effet de Serre vers l’atmosphère

Le succès de cette transition nécessite d’avoir pour chaque décision économique une mesure rigoureuse et comparable de son impact carbone sur le flux de GES (en négatif pour une hausse)

 – Pour une décision d’achat, l’impact carbone est le cumul des GES nécessaires à la production du produit jusqu’à son transfert au client : le contenu carbone du produit*

Pour une décision de financement, l’impact carbone est le cumul des GES que le financement projette (ou a permis) de retirer ou d’ajouter au flux : le résultat carbone du financement

L’Économie carbone répond à ce besoin

– Elle complète l’impact d’une décision en argent (prix de l’achat, résultat du financement) par son impact carbone sur la transition (mesuré en kg équivalent CO2)

– Elle transpose au carbone les outils de mesure de l’argent (comptables, avec les Comptabilité carbone cumulatives, économiques, financiers…) d’où …

 – La facilité à les maitriser et leur potentiel de déploiement universel

– Des mesures d’impact carbone rigoureuses et comparables

 

* ‘contenu carbone’ fédère des définitions équivalentes des émissions de GES associées à un produit, notamment qualifiées ‘d’empreinte carbone’, voir (1)

Réussir la transition avec l’Économie carbone (2/3)

La transmission de l’impact carbone ajoute un ‘signal carbone’ à côté du ‘signal argent’ actuel et déclenche une concurrence carbone qui améliore les décisions, stimule l’innovation, réduit les contenus carbone des produits et augmente les résultats carbone des financements

 – Elle améliore la satisfaction du particulier (comme consommateur, investisseur, citoyen) en l’aidant à arbitrer entre sa demande de transition (croissante avec les dérèglements) et ses autres demandes

– Elle améliore la rémunération de l’entreprise en l’aidant à anticiper cette demande de transition dans son offre de produits et de financements

Cette libération de la transition par l’information pointe LA bonne pratique pour la transition :

Transmettre l’impact carbone de ce qu’on propose

mesuré de façon rigoureuse et comparable

et valoriser les partenaires qui le font

Label Transmission signale l’engagement dans cette bonne pratique

Un engagement volontaire, utile pour soi et pour la transition,

qui préfigure le déploiement de labels nationaux ou internationaux coordonnés

Réussir la transition avec l’Économie carbone (3/3)

L’Économie carbone ne déclenche pas seulement la concurrence carbone

– Elle intègre le vivant et ses captures à l’économie en exprimant la transition comme un retour à l’équilibre entre l’offre des captures du vivant et la demande des émissions nécessaires aux activités humaines

Elle rappelle ainsi que la baisse de la demande serait vaine sans offre suffisante

Elle stimule la recherche sur la hausse de l’offre de captures naturelles

– En quantifiant l’impact des activités humaines sur les captures du vivant de chaque territoire

– En l’intégrant dans le signal carbone

Elle responsabilise les acteurs sur leur contribution à la transition globale, en ventilant les résultats annuels de la transition de chaque activité de chaque pays entre producteurs et consommateurs

– Aux producteurs le pilotage des facteurs d’émission de la production

– Aux consommateurs le pilotage des quantités consommées

– Aux pouvoirs publics le pilotage de la vitesse de la transition, en renforçant le signal carbone de façon plus ou moins directive (formation, information, bonus-malus, réglementation prudentielle…)

Les outils de l’Économie carbone pour réussir sa transition et LA transition

1- La concurrence carbone sur les produits

2- La concurrence carbone sur les financements

3- Impact carbone et captures naturelles

4- Responsabiliser sur le bon avancement de la transition

  1. La dynamique de la concurrence carbone sur les produits

L’Économie carbone mesure de façon rigoureuse et comparable l’impact carbone d’un achat : son Contenu carbone produit

Ex : Cette tonne d’acier affiche un contenu de 1,5 tonne de carbone (les émissions nettes ajoutées à l’atmosphère tout au long du cycle de production jusqu’à l’achat)

Trois avantages à ce que le Contenu carbone des produits circule

1. La demande de transition se révèle au niveau de la demande finale, en permettant à chacun de choisir le moins carboné d’achats équivalents en qualité/prix

2. Cette demande remonte les chaines de production, de client en producteur. Elle déclenche à chaque étape une concurrence carbone car un producteur augmente sa marge argent en intégrant la demande de transition qu’il anticipe

3. La concurrence carbone tire vers le bas les contenus carbone à chaque étape (voitures, acier, achats du producteur d’acier …)

Le producteur réconcilie rentabilité et RSE, dès lors que satisfaire la demande de ‘qualité carbone’ est rentable et/ou prudent

La bonne pratique Transmission pour les produits

Transmettre comme producteur le Contenu carbone produit des biens et services proposés, 

Mesurer ce Contenu de façon rigoureuse et comparable

Valoriser cette transmission comme client

– Pour une entreprise, la transmission se fait au client sur tous les documents lui indiquant le prix (facture, devis, liste de prix, etc.)

– Pour un producteur public public, la transmission se fait sur tous les documents publics indiquant le coût des services rendus

– Pour un particulier, seule la valorisation de la transmission s’applique

– La mesure ‘rigoureuse et comparable’ est une Comptabilité carbone cumulative

Une définition fédératrice du Contenu carbone produit

Le Contenu carbone produit fédère les mesures d’émissions produit actuelles *

Il repose sur des mesures rigoureuses et comparables : celles des Comptabilités Carbone Cumulatives

– Assises sur les quantités et les choix comptables des comptes en argent (évite une seconde expertise comptable et encadre les tentations d’alléger les contenus)

– Cumulatives : le contenu carbone d’un produit est la somme des émissions directes du producteur et du Contenu carbone de ses achats (sans Contenu du fournisseur, le producteur prend un proxy public augmenté d’une marge de prudence)

La terminologie (Product Carbon Content et Cumulative Carbon Accountings) est celle proposée par le Docteur Ulf von Kalckreuth, Bundesbank (voir annexe)

Pour la mise en place d’une Comptabilité carbone cumulative et une mesure facile des Contenus carbone, voir le tutoriel Pilotage carbone de la performance produit

* Émissions intégrées du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE, E-passifs produit de l’E-liability Institute, Empreinte carbone des matrices Entrées-Sorties des comptes nationaux carbone, Émissions produit de cycle de vie (ACV) « de la mine au client », Émissions produit scopes 1, 2 et 3 amont des protocoles carbone

  1. La dynamique de la concurrence carbone sur les financements

La concurrence ‘carbone’ entre différents financements (de projets, organisations ou produits financiers) va s’appuyer sur les indicateurs financiers classiques ‘argent’ transposés en carbone :

Leurs résultats carbone annuels projetés (en langage financier : leurs valeurs carbone actuelles nettes) et leurs résultats carbone annuels constatés

Trois avantages à ce que ces résultats soient transmis

1. La demande de transition se révèle au niveau de la demande finale, en permettant de choisir le plus rentable en carbone de financements équivalents en qualité/rentabilité argent

2. Cette demande remonte les chaines de financement, de financeur à financé et elle déclenche à chaque étape une concurrence carbone car un producteur améliore son financement en intégrant la demande de transition des financeurs

3. Cette concurrence pousse vers le haut les rentabilités carbone visées à chaque étape (les produits financiers, les organisations financées, leurs projets) et facilite le financement de la transition

Le financier réconcilie rentabilité et RSE

La bonne pratique Transmission pour les financements

Transmettre comme financé le Résultat carbone (estimé et projeté) des financements sollicités, mesuré de façon rigoureuse et comparable, Valoriser cette transmission comme financeur

 

– La transmission se fait sur les documents indiquant le résultant argent

– La mesure ‘rigoureuse et comparable’ se réfère à une Comptabilité carbone cumulative

Les indicateurs financiers ‘argent’ et ‘carbone’ sont jumeaux

INDICATEURS ‘ARGENT’

Le résultat annuel en argent du financement est le gain (= davantage d’argent) ou la perte en argent sur l’année du fait du financement

La valeur actuelle nette argent du financement (par exemple + un million d’euros) est la somme de ses résultats annuels en argent projetés, actualisés à aujourd’hui

Le taux d’actualisation argent est la valeur argent du temps : le gain minimum d’argent (en pourcentage) que doit rapporter le financement sur une année

 

INDICATEURS ‘CARBONE’

Le résultat carbone annuel est le gain (= moins de carbone) ou la perte du flux carbone vers l’atmosphère d’une année à l’autre du fait du financement

La valeur actuelle nette carbone du financement (par exemple + 100 tonnes) est la somme de ses résultats annuels en carbone projetés, actualisés à aujourd’hui

 

Le taux d’actualisation carbone est la valeur carbone du temps : le gain minimum de carbone (en pourcentage) que doit rapporter le financement sur une année (décrit plus loin)

 

Pour un calcul facile des résultats et des valeurs carbone, voir le tutoriel Pilotage carbone de la performance financement

  1. Les autres outils économiques carbone pour réussir la transition ‘à temps’

Réussir la transition (ou arriver au Net Zéro) c’est atteindre (et conserver) l’équilibre entre les émissions nettes de carbone humaines et les captures naturelles nettes

La réussir ‘à temps’ c’est parvenir à cet équilibre avec une atmosphère toujours viable pour l’homme

Pour cela, une concurrence carbone universelle est nécessaire mais insuffisante : trois autres outils économiques carbone universels sont indispensables

3.1  Une valeur carbone du temps qui va jouer contre l’humanité tout au long de la transition

3.2  Un suivi des progrès de la transition par grand besoin humain permettant de négocier des compromis collectifs équitables argent-carbone locaux et universels

3.3  Un suivi local et universel des captures naturelles et de l’impact sur elles des activités humaines

3.1  Donner au temps sa valeur carbone universelle (ou taux d’actualisation carbone)

Un taux d’actualisation carbone est associé par chaque financeur au calcul de ses financements (cf 2)

= Le gain annuel minimum de carbone (en pourcentage) que doivent rapporter ses financements

= Un instrument de pilotage essentiel pour le financeur

– Un taux négatif –X% = J’accepte que mes financements fassent reculer la transition ; je plafonne seulement la perte à X% par an

– Un taux nul = Je veux que mes financements récupèrent juste le carbone investi, mais peu importe que ce soit dans un an ou dix ans

– Un taux positif +X% = Je veux que mes financements fassent avancer la transition d’au moins X% par an

= Un instrument de pilotage collectif de la transition, à vocation universelle

La moyenne des taux visés et obtenus par les investissements d’une période dit l’ambition collective de transition de cette période : la quantité de carbone qu’elle entend retirer de l’atmosphère (puisqu’elle connait le contenu carbone de ses investissements)

Le plancher de cette valeur carbone collective du temps est estimable scientifiquement

Des scientifiques et des économistes peuvent associer à une trajectoire de transition mondiale, une trajectoire de taux d’actualisation annuels plancher avec chacun deux composantes

Récupérer le carbone investi plus le carbone qu’il déclenche en un an : adaptation humaine accrue, moindres captures naturelles, boucles comme l’acidification des océans …

Cette composante augmente de façon accélérée (hausse annuelle de la température, 3 millièmes de degré par an sur 1880-1970, 18 sur 1970-2010, 40 sur 2010-2022, 13 fois plus rapide)

Couvrir sa part de l’objectif Net zéro : ramener ‘à temps’ à zéro le flux net vers l’atmosphère

Cette composante augmente tant que la transition n’est pas assez rapide

S’accorder sur une valeur carbone du temps objective est nécessaire au succès de la transition

Des composantes respectives de 1% et de 5% l’an (6% au total) sont plausibles si on estime à 100 ans la durée de transition maximale biologiquement possible

Des compromis équitables argent-carbone sur les financements sont indispensables pour respecter collectivement la valeur carbone du temps

Un taux d’actualisation carbone universel est nécessaire pour estimer de façon rigoureuse et comparable pour chaque financement son gain ou sa perte, non seulement en argent pour l’investisseur, mais aussi en carbone pour l’humanité

Et construire des compromis équitables en cas de conflit d’intérêt investisseur / humanité

Il y aura consensus en Nord-Ouest pour ne pas investir et en Sud-Est pour investir, avec un investissement optimisé par la concurrence carbone

Mais impossible d’assurer une rentabilité carbone moyenne sans innovations et règles financières : instruments financiers combinant des financements SE, NE et SO, surveillance prudentielle des financements dangereux (NE), bonus-malus en argent entre financements NE et SO …

3.2 Le suivi de la transition par grand besoin humain

L’Economie carbone permet de suivre le résultat carbone annuel de chaque pays par grand besoin et de le partager entre le résultat collectif des producteurs et celui des consommateurs

– Grâce aux inventaires et aux comptes carbone nationaux

– Et à une convention (décrite dans le tutoriel Financement)

. Les producteurs pilotent le Facteur d’émission de leur produit = Contenu carbone par unité

. Les consommateurs pilotent les quantités achetées

par exemple pour le besoin de mobilité humaine on peut suivre chaque année

– Le nombre de km parcourus par an par personne (monde entier, par pays … )

– Le gain ou la perte carbone en mobilité par rapport à l’année précédente

– Son partage entre le résultat carbone des producteurs et celui des consommateurs

Ce suivi annuel des résultats collectifs aide chacun à réfléchir à sa responsabilité personnelle 

– De consommateur

– De citoyen : sur le carbone des services publics et sur les règles de transition nécessaires

Côté producteurs, le suivi des facteurs d’émission indique si la concurrence est suffisante et si les habitudes de production sont compatibles avec la trajectoire de transition

Sinon ce suivi facilite …

– Des campagnes d’information et d’aides à l’innovation des producteurs,

– Des bonus malus argent ou des réglementations ciblées valorisant les produits les plus carbone-efficaces pour satisfaire un même besoin …

Côté consommateurs, le suivi des quantités achetées moyennes indique si les habitudes de consommation sont compatibles avec la trajectoire de transition

Sinon ce suivi facilite …

– La réflexion de chacun à sa responsabilité personnelle de consommateur (y compris de services publics), d’épargnant et de citoyen

– Des campagnes d’information et de formation ciblées valorisant les habitudes de consommation les plus carbone-efficaces

– Des bonus malus argent ou des réglementations, ciblées en efficacité et en équité, en cas de dérapage des quantités

3.3  Le suivi économique des captures carbone naturelles

L’économie ‘argent’ ignore le vivant (= animal ou végétal non domestiqué). L’Économie carbone reconnait la solidarité absolue entre l’humanité et le vivant face au carbone :

Les émissions sont coproduites et elles sont vitales pour les deux

– L’activité humaine impacte fortement le vivant et donc ses captures, d’une façon de mieux en mieux mesurée par les scientifiques

Sur terre : Pratiques sylvicoles, haies arrachées ou crées, routes perméables ou non… et sur mer : Plastiques en plus ou moins…

– Chaque grand besoin humain est condamné sans captures du vivant : ni la quantité consommée ni le facteur d’émission ne pourront être à zéro, aussi innovants que soient les producteurs et aussi sobres que soient les consommateurs

Progresser sur la transition des productions, des financements et des consommations est vain sans une trajectoire des captures naturelles des territoires qui avance au même pas

 

L’Économie carbone répond donc à LA question des scientifiques du vivant : comment faire rentrer le vivant dans les décisions économiques ?

– Cf le rapport de 2022 de l’IPBES (équivalent du GIEC pour la biodiversité) qui conclut simplement que l’argent ne marche pas)

Cette partie de l’Économie carbone est largement à construire, en coproduction entre scientifiques du vivant et économistes

– Elle ajoute pour chaque territoire une nouvelle catégorie de producteurs, le vivant ; et une nouvelle production, les captures naturelles, mesurée en tonnes de captures naturelles par  km2 et coproduites par le vivant et par les activités humaines qui impactent le vivant

– Elle donne un cadre comptable à ces recensements : celui des comptes nationaux carbone et celui des comptes carbone d’organisation (à travers le volet ‘émissions directes’ indiqué en 2)

– Elle amène donc l’information au cœur des décisions économiques, à travers les contenus carbone des produits et les résultats carbone des financements

Conclusion

L’Économie carbone apporte liberté, efficacité, équité et universalité

– Liberté à chacun d’accélérer ou freiner la transition, par sa consommation, son épargne et ses votes

– Efficacité d’une mesure basée sur la science et sur la façon dont nous comptons ce qui était (jusqu’au carbone) le plus précieux : l’argent

– Équité en suivant les besoins de chaque groupe humain et la capacité de contribution en financement et pas seulement en consommation

– Universalité par ses outils et en associant le vivant

L’Économie carbone permet à chaque acteur de vivre plus près de ses valeurs et de contribuer à équilibrer la planète et l’humanité : vous pouvez facilement la déployer

 

MERCI

Annexe – Les Comptabilités carbone cumulatives

Le terme Comptabilité carbone cumulative a été forgé par le Docteur Ulf von Kalckreuth après une conférence à Hambourg en février 2024 qui a permis aux différents spécialistes dans le monde de la mesure carbone de constater qu’ils suivaient des approches convergentes.

L’approche qu’il recouvre est appliquée depuis 2012 pour les comptabilités nationales carbone et donne depuis des Facteurs d’émission moyens annuels par branche et par pays

Elle est développée depuis 2021 pour les comptabilités d’organisations

– La première comptabilité carbone cumulative (E-liability ledger) est celle des professeurs Robert Kaplan (Harvard Business school) et Karthik Ramanna (Oxford University)

– D’autres comptabilités s’appuyant sur les mêmes principes se sont développées, et notamment en France La Comptabilité collaborative du groupe Comptabilité carbone des Shifters et les Comptes carbone Produit et Financement de Carbones sur factures